23 September 2023

Interview exclusive de Damien Ojetti, président de Coiffure Suisse

Le président de Coiffure Suisse, Damien Ojetti, dévoile à Estetica tous les challenges qui attendent l’association la plus importante d’Europe. À presque un an de la prise de ses fonctions. Par Carla De Meo

Que représente Coiffure Suisse pour les coiffeurs helvétiques ?
C’est une référence. En Suisse, il existe plusieurs associations mais pratiquement la totalité d’entre elles se focalise sur l’aspect artistique et créatif de la profession. Au niveau syndical, Coiffure Suisse est unique en son genre : nous avons un seul syndicat patronal qui incarne la défense de la catégorie. Il compte 3400 adhérents et j’aime rappeler qu’il existe depuis 125 ans maintenant…

Comment se caractérise le marché suisse ?
La Suisse est un pays riche. La preuve en est aussi le rapport annuel de fermetures/ouvertures de salons qui enregistre environ 1000 nouveaux salons. C’est un chiffre considérable. Sachant que, dans notre pays, le rapport entre la population et les salons est le double de celui de la France. Probablement, parce qu’en Suisse, il n’est pas nécessaire d’avoir de licences ni autorisations : toute personne peut ouvrir un salon et pratiquer ce métier.

Coiffure Suisse offre des services de gestion, de protection de la profession et des formations : quelle est l’importance du rendez-vous biennal avec les Hair Days à Zurich ? Des nouveautés pour l’édition 2017 ?
Hair Days est né de l’initiative de mon prédécesseur et ce fut une idée géniale. En partenariat avec d’importantes marques du secteur, elle offre des shows avec des coiffeurs venus de l’étranger afin de faire connaître les tendances et les nouveautés à tous nos coiffeurs. Les Hair Days se sont étoffés au fil des années à tel point que les trois dernières éditions ont dû être organisées au Stadium permettant ainsi d’accueillir 4500 personnes.
Parallèlement, les exigences et les attentes des coiffeurs ont évolué. C’est pour cela que nous travaillons à un nouveau concept qui vise à diversifier l’offre. À partir de 2017, les Hair Days deviendront la « Journée du coiffeur ». En plus des shows, il y aura un espace workshop “look and learn”, des séminaires et une boutique.

Ce concours qui s’adresse aux moins de 25 ans, a couronné le 1er mai dernier, le meilleur jeune talent. En 2017, lors des Hair Days, nous irons plus loin. Comment s’est déroulé ce concours ?
La finale s’est déroulée sur scène, face au public, et les coulisses étaient visibles de tous. Le jury a voté pour le travail de ces 15 jeunes finalistes aussi bien sur scène que dans les coulisses. Pour s’inscrire, nous avons demandé uniquement une vidéo de deux minutes dans laquelle les candidats parlaient d’eux-mêmes, et avons sélectionné les meilleures.

Vous concernant, avant d’être élu président, vous étiez très actif au sein de l’association…
Rien de plus naturel et logique pour moi que de participer à la seule et unique association qui représente et protège notre métier. J’ai du mal à comprendre que tout le monde ne le fasse pas… J’ai eu 3 mandats, en tout, 9 ans à la Haute Coiffure Française : la section suisse compte 80 salons, tous de très haut niveau, parlant trois langues. J’ai amené d’ailleurs la Suisse sur la scène à Paris. Enfin, j’ai été président cantonal pendant 3 ans.

Quelle trace souhaiteriez-vous laisser à Coiffure Suisse ?
La Suisse compte plus de 12000 salons. Pour moi, tous devraient faire partie de l’association. Mais, plus qu’une ambition, je dirais qu’il s’agit d’un rêve. J’aimerais dire à mes collègues que la solidarité, dans notre métier, est essentielle. Coiffure Suisse défend la profession, transmet le savoir, organise des services. Trop de gens se plaignent, alors qu’ils y participent eux aussi.

Chez Coiffure Suisse, on travaille en équipe ? Ou la structure est de type pyramidal ?
Je crois fermement au travail collégial. C’est mon style. J’aime partager avec mon équipe et les professionnels de divers secteurs sur ce qu’il est possible de faire et comment aborder les problématiques. Par exemple, nous allons lancer le nouveau site avec une boutique en ligne. Chaque associé doit pouvoir acheter ce dont il a besoin et à des prix avantageux. Nous sommes en mesure de le faire grâce à notre base d’adhérents de 3000 personnes. C’est une autre façon de garantir des services toujours inédits.

Avec votre présidence, le partenariat avec Estetica se poursuit. Quelle est l’importance aujourd’hui d’informer et être informé(e) ?
La collaboration avec Estetica continue car nous ne voulons pas rester confinés à notre territoire. Nous voulons dialoguer, nous ouvrir toujours davantage. Nous avons un magazine, Le Journal Coiffure Suisse, qui a comme objectif de communiquer avec nos adhérents, mais demeure national. Avec Estetica, au contraire, nous allons au-delà de nos frontières, nous nous ouvrons au reste du monde.

Aujourd’hui, quel est le plus grand défi du coiffeur ?
Lorsqu’un jeune choisit ce métier, il le fait car il est passionné par la partie créative. Les vraies lacunes, actuellement, sont toutes liées à la partie entrepreneuriale. Notre objectif est donc de les accompagner dans leur projet.

La diffusion du Web a-t-elle changé la façon dont la cliente s’informe ?
Avant Internet, lorsqu’une cliente voulait changer de look, elle devait se rendre chez un professionnel, chercher des photos et attendre les conseils du coiffeur. Aujourd’hui, la cliente cherche sur le Net et trouve des milliers d’idées… Le coiffeur continue de conseiller la cliente mais le point de départ a changé : la femme a déjà décidé ce qu’elle veut avant d’entrer au salon. Elle n’attend du coiffeur qu’une confirmation de son choix. Notre prestation est devenue un produit de consommation et la fidélité est, elle aussi, très relative.

Cette année, vous avez visité le Cosmoprof de Bologne et découvert la Galerie historique d’Estetica 70 : quelles ont été vos impressions ?
Une belle impression ! Presque de la nostalgie pour les icônes. La galerie historique d’Estetica permet aux coiffeurs, surtout aux jeunes, de comprendre l’évolution du métier qui est fait d’interprétations, d’émotions, de valeurs, et d’identification.

Dernière question : qu’est-ce que la beauté ?
Je n’ai jamais trouvé de réponse à cette question. Je suis encore en quête de réponse… Une chose est sûre : chacun doit se sentir bien avec lui-même.

Bio Express
Damien Ojetti, 51 ans, suisse, a débuté ce métier à 16 ans : « Au bout d’une seule semaine de stage, j’étais déjà passionné et, depuis, je n’ai jamais arrêté ». À Genève, au Kempinsky Hotel, il y a 23 ans, il devient associé du salon qu’il rachètera six ans plus tard et prendra son nom. Il continue de gérer son salon qui compte 17 collaborateurs. En septembre 2014, il a été nommé président de Coiffure Suisse, succédant à Kuno Giger qui a occupé ce poste pendant 27 ans.  “Mon rêve ? Faire adhérer tous les salons helvétiques à Coiffure Suisse”

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