Rencontre avec Simon Goi. Ce coloriste ultra-talentueux nous explique comment il a transformé sa passion en une forme d’expression artistique.
Qu’est-ce qui vous a inspiré pour devenir coloriste ? Avez-vous une histoire particulière à partager ?
Depuis petit, j’admire la mode et tout ce qui touche à l’esthétique. Ce qui m’a poussé à devenir coloriste, c’est le côté créatif et sans frontière. Je voulais un métier où je ressens des émotions particulières et c’est celui-là qui me fait vibrer. J’aime le contact humain mais m’exprimer à l’oral n’est pas mon fort. C’est dans mon style que je laisse paraître ce qu’il y a en moi.
Faire des cheveux de la cliente une toile vierge, exposée cette forme d’art au quotidien à la vue de tous, est une pratique sous-estimée qui mérite d’être plus reconnue. C’est mes investissements qui répondront à cet objectif dans ma carrière.

Comment avez-vous appris les techniques de coloration ? Avez-vous suivi une formation de coloriste spécifique ou avez-vous appris par vous-même ?
J’ai acquis les bases lors de mon CAP. Cependant durant ma mention complémentaire en alternance, j’ai fait face à des situations qui m’ont mis au pied du mur. J’ai vu les opportunités dans la difficulté, c’est ce qui m’a poussé à être autodidacte et compter sur moi pour réagir et évoluer. Je me suis tourné vers d’anciens livres de coiffure, des plateformes d’apprentissage américaines, des réalisations de grands noms sur les réseaux sociaux. Ces différentes sources d’inspiration ont contribué à établir ce qui allait devenir mes propres techniques.
Chaque semaine j’en apprends davantage. L’amélioration est un chemin qui n’a pas de fin. Je suis excité de savoir que je ne cesserai jamais de me former. Je me retrouve dans les mots de Spinoza : « La joie est le passage de l’homme d’une moindre à une plus grande perfection. » Ma joie à moi, c’est de réaliser le gain d’expériences et l’acquis de connaissances qui me serviront aux prochains défi. Je ne cesse de m’efforcer de faire mieux.



Comment choisissez-vous les couleurs pour un client ? Quel est votre processus de sélection des nuances et des tonalités ?
Le diagnostic est primordial. Prendre le temps de s’informer sur le souhait de la cliente, même au-delà de ce qu’elle peut imaginer. Je cherche à connaître qui elle est, son rythme de vie, sa profession, l’image qu’elle veut renvoyer, tout en prenant en compte l’historique et l’état de ses cheveux. La sélection se réalise par l’évidence du moment avec les envies et la raison. Il m’est déjà arrivé de décliner des demandes lorsque le choix n’est pas raisonnable.
Le moment de la sélection des nuances est un plaisir mais pas un jeu. Il faut s’interroger sur : quelles teintes sublimeraient son teint de peau? Quelles sont celles qui apporteront du contraste ou atténueront les rougeurs dont elle m’a parlé. À mes yeux, les cheveux sont une manière de dire qui l’on est sans parler.



Pouvez-vous partager une expérience de coloration difficile que vous avez réussie à relever ? Comment avez-vous géré la situation ?
C’était un nouveau challenge que je m’étais fixé, lord de ma seconde participation à un concours. Je voulais me prouver à moi-même que ma victoire l’an passé me pousserait à faire mieux. J’ai créé un visuel qui comptait non pas trois couleurs comme la première fois mais neuf. J’ai apporté du sens et de la minutie au rendu que je voulais avoir en le préparant plusieurs semaines en amont et en canalisant ma créativité pour réaliser ce qui allait me rendre fier.
Lors de la mise en application qui a duré 7 heures – « Rome ne s’est pas faite en un jour »–, je me suis fait confiance et j’ai transformé le stress qu’impose un concours national par l’excitation. La création, extérioriser, partager un moment de folie et de joie avec mon modèle m’a aidé à concrétiser ma performance en restant focus sur mes objectifs et envies.



Comment aidez-vous vos clients à prendre soin de leur couleur sur le long terme ?
Je conscientise au mieux mes clientes en les informant sur l’évolution possible de la couleur et les engagements qu’elles doivent prendre pour une meilleure durabilité de la beauté de la coloration. C’est un travail en équipe. On partage le même objectif collectif : avoir un rendu durable du résultat attendu.
C’est important pour moi de ressentir et créer un climat de confiance. Je leur partage également mon Instagram professionnel @simongoiffure pour un suivi quand elles le désirent.
Quels sont les tendances actuelles en matière de coloration selon vous ? Qu’est-ce qui vous plaît ou vous inspire dans ces tendances ?
En ce moment, ce qui me plaît c’est que mes clientes suivent moins les tendances actuelles pour mieux suivre leurs envies. Ça me motive de les sublimer, qu’elles prennent confiance en elles. Je préfère suivre leur propre volonté plutôt que de réaliser une énième copie d’un exemple.
« La plus belle couleur du monde est celle qui vous va bien. » Coco Chanel
Je constate que le naturel m’est plus souvent réclamé qu’auparavant. J’aime créer un équilibre entre le trop et le pas assez. C’est un travail léger où la subtilité est un art. C’est dans les détails que l’on s’aperçoit de la beauté et la finesse du travail.
Je suis content que les couleurs vives fassent plus fréquemment leurs apparitions, ce qui crée des résultats inédits ! Chacune d’entre elles stimule à sa façon, engendre un effet particulier, symbolise des valeurs personnelles et spécifiques. C’est ce qui crée une prestation plus particulière et intime avec le client.
Le classique est intemporel mais la folie est un moment plus ou moins passager qu’il faut savoir identifier et exploiter chez la cliente.


Avez-vous des conseils à donner à des jeunes coloristes qui débutent dans la profession ?
Avoir soif de nouveauté, se renouveler en permanence, satisfaire sa culture du métier et rester branché sur l’actualité en utilisant consciencieusement les réseaux. S’ils ne font pas ça par amour, par passion, ça ne marchera pas. Il ne faut pas être là par hasard, pour moi c’est une évidence.
Je n’ai encore que 19 ans, changer n’est pas un défi mais une nécessité pour moi. Je ne veux pas être le même que j’étais la semaine dernière. Personne ne peut réaliser nos objectifs à notre place. Il faut être réaliste et pas idéaliste. On dit souvent qu’il faut vivre ses rêves et non rêver sa vie, c’est ce que j’entreprends dans ma vie professionnelle. J’agis et je persévère pour devenir chaque fois une meilleure version de moi-même.
Comment voyez-vous votre carrière de coloriste dans le futur ?
Sur le long terme, j’aimerais découvrir le milieu de la coiffure en événementiel, ce qui m’offrirait des défis de plus en plus novateurs et sans limites. J’aimerais également découvrir les surprises que peuvent me réserver le cinéma, les défilés de mode, le théâtre, la publicité dans un univers aux mille facettes où l’évolution est sans fin.
Ce même univers me permettrait de faire évoluer mon carnet d’adresses, d’être entouré de ceux que j’admire. Ces objectifs me poussent à constamment être meilleur. Ceux là même qui font grandir le métier, qui font s’ouvrir le champ des possibilités, mettent l’art de la coiffure sur le devant de la scène.
J’aimerais parfaire ma culture professionnelle en allant au-delà des frontières, explorer les particularités techniques des diverses origines. Je veux continuer à aimer ce que je fais, me rendre compte que mon métier est indéfectible à mes yeux, qu’il continuera à rester ce qu’on appelle : une passion.
Alors là, je dis chapeau bas, Monsieur Simon! C’est tout juste magnifique !