Il est désormais possible d’ouvrir son salon sans être détenteur d’un CAP ou d’un BP coiffure. C’est ce que nous annonce l’Article R121-3 du Code de l’artisanat. Véronique Gaudron, présidente de L’Excellence des Coiff’ nous alerte sur les dangers d’une telle décision.
On vous encourage à lire ce décret consultable sur legifrance.gouv.fr. Pour ouvrir un salon « à défaut de diplôme […], ces personnes doivent justifier d’une expérience professionnelle de trois années effectives sur le territoire de la République, de l’Union européenne ou d’un autre État partie à l’accord sur l’Espace économique européen ». Véronique Gaudron, à la présidence de L’Excellence des Coiff’, s’insurge contre un texte de loi voté cet été, et selon elle, passé beaucoup trop inaperçu.
L’Excellence des Coiff’ en quelques mots
Cette organisation réunit 300 membres, soit 300 coiffeurs propriétaires de salons non franchisés. Elle constitue une communauté solidaire au sein de laquelle les achats sont mutualisés, des formations et outils marketing sont mis à disposition. Véronique Gaudron, à sa présidence depuis onze ans, est la représentante engagée de ces professionnels indépendants. Elle se montre scandalisée par la parution de ce décret qui selon elle menace le métier de coiffeur et tend à le décrédibiliser aux yeux des consommateurs. Une inquiétude justifiée ?
Sans CAP, ni BP coiffure, les dérives à craindre
Depuis le Covid, le geste professionnel et précis est plus que jamais une nécessité pour attirer la clientèle dans les salons et faire revivre ces établissements. Le nouveau décret risque-t-il de semer la confusion dans la tête du consommateur ? Le 4 septembre, L’Excellence des Coiff’ a posté une pétition accessible sur le site change.org. Pour le groupement, il est clair que ce texte de loi dévalorise l’artisanat français et ses diplômes. « C’est la porte ouverte au n’importe quoi ! », s’insurge Véronique Gaudron. Sur ce même site internet, Les bouclettes de Céline mettait déjà en garde contre les influenceuses qui offraient sans diplôme leurs services de coiffeuse. Il semblerait bien que la pente s’accentue. « Nous allons nous retrouver avec des personnes non qualifiées qui manipulent des produits chimiques. Un véritable danger et un risque de traumatisme pour les clientes et leurs cheveux ! », ajoute Véronique.
Autre danger qui l’inquiète : la déscolarisation des jeunes. « Le brevet professionnel était bien souvent ce qui les faisait tenir sur le siège d’un bureau. » Comment la prochaine génération va-t-elle se former ? Une menace pour la crédibilité et la légitimité de notre profession, mais aussi pour l’équilibre et l’éducation de nos cadets.
Une information à faire circuler d’urgence
Plus que jamais, cette décision gouvernementale doit attirer l’attention de notre industrie. D’après Véronique, peu d’écoles de formation sont au courant de cette nouvelle legislation. Seule 10 % de la profession en serait informée. La coiffure est l’un des emblèmes forts de notre pays, symbole de l’élégance à la française à travers le monde. Sous couvert de norme européenne, ne risque-t-on pas de perdre notre art et au-delà notre identité ? Un sujet riche en réflexions qui mérite sa lumière.
Mais précision…
Cette personne qualifiée peut être le dirigeant de l’entreprise, un conjoint collaborateur ou un salarié titulaire du brevet professionnel de coiffure (BP), du brevet de maîtrise de la coiffure (BM), ou, de tout diplôme ou titre de niveau égal ou supérieur homologué ou enregistré au RNCP, attestant d’une qualification dans le métier ou la partie d’activité concerné : BTS Métiers de la Coiffure, CQP Responsable de salon de coiffure… De quoi peut-être nous rassurer.