Coiffeuse, maquilleuse, perruquière, Kelly Godot est arrivée à la coiffure tardivement. Son envie de découvrir ce métier à guider sa formation, mais aussi ses nombreuses expériences rencontres. Un parcours atypique animé d’une vraie curiosité pour l’artistique…

Kelly Godot, pourquoi avoir choisi la coiffure ?
J’ai débuté dans la coiffure, en 2014, après une reconversion professionnelle à l’âge de 21 ans. J’ai réalisé des études de géomètre architecte après le collège, mais ce métier ne me correspondait pas. J’ai toujours été fascinée par le cheveu et ce que l’on pouvait en faire. Je décide alors de ne pas passer mon bac et trouve mon premier travail pour me payer mon CAP coiffure. Au cours de celui-ci, je participe à un concours régional, après cinq mois de pratique, et remporte le deuxième prix en obtenant la médaille de bronze sur le thème de la publicité en réalisant un chignon ressemblant à la bouteille de parfum “j’adore” de Dior. Ce fut une révélation. J’aime l’adrénaline du concours, de la scène, du show.
Qu’est- ce qui vous séduit le plus aujourd’hui dans ce métier ?
L’ évènementiel, le spectacle et le tournage. Je découvre l’univers des backstages à travers “Talent de mode” en CAP. J’ai adoré coiffer des mannequins qui porteront des pièces uniques de mode venant de tout horizon, dans une allure très artistique. J’enchaîne les études en apprentissage dans un salon de coiffure, les formations de perfectionnement et j’obtiens la mention complémentaire, le brevet professionnel, tout en participant en parallèle à divers événements partenaires de l’école académie beauté à Lille, dans laquelle j’ai été formée. La directrice m’ouvre les portes et me fait participer aux défilés de mode, shootings photos, mises en beauté d’artistes lors de concerts, plateaux TV, puis des tournages de séries télévisées.
La formation est-elle essentielle pour progresser ?
Oui, c’est même essentiel. Lors d’un événement, je suis face à un artiste qui doit être coiffé avec une perruque. Domaine encore inconnus pour moi. La perruque est un autre métier, tout comme la barbe ! J’intègre alors le BTS métiers de la coiffure et décide de quitter le salon pour approfondir le côté cosmétologie des produits. La curiosité m’appelle : la science de la fibre capillaire. Comprendre le pourquoi et comment elle réagit au contact des produits. Mais
surtout découvrir le métier de perruquier afin de répondre à plus de demandes pendant mes interventions en backstage. Passionnée du cheveu, peu importe son domaine : technologique, scientifique mais aussi artistique.
Durant mon BTS, je réalise des stages dans le salon de Nicolas Gonçalves à Tours, spécialiste des prothèses capillaires et enchaîne sur l’atelier du Griffon de Paris pour apprendre le métier de Maquilleur Perruquier Plasticien et acquérir le côté technique de l’artistique. J’enchaîne les missions dans divers salons parisiens, et en parallèle, j’obtiens mon diplôme.
Je quitte Lille pour poser ma première perruque à l’Opéra National de Paris et découvre le monde du spectacle vivant. Je travaille en parallèle au sein du groupe L’Oréal afin de participer à la recherche et l’innovation, en tant que technicienne d’analyse sensorielle.


L’événement en coiffure, est-ce un domaine difficile d’accès ?
En effet, au début, j’ai enchaîné les collaborations et je n’ai jamais hésité à travailler du lundi au dimanche; me lever tôt, rentrer tard, m’investir à fond dans ma passion. Je décide d’être freelance et réalise l’ouverture d’une micro entreprise en 2021, pour intervenir sur différents événements, défilés, shootings photo. Je travaille avec diverses agences de productions, en parallèle de l’intermittence du spectacle. Dire que c’est un domaine difficile d’accès est peut-être excessif. Je pars du principe que quand on veut, on peut. C’est un métier où l’on travaille beaucoup au feeling. Si le travail est bien réalisé, il y a de forte chance que l’on vous rappelle !
Freelance, n’êtes pas parfois compliqué ?
Pour ma part, j’ai toujours eu un côté baroudeuse, le CDI à tendance à m’angoisser. Il faut aimer entreprendre. Et je n’est pas de difficultés puisque j’aime faire part de mes idées et collaborer sur des projets. Par exemple, lors d’un tournage, devoir répondre à une demande très exigeante, par son côté perfectionniste et très pointu du visuel est très stimulant. Le détail, le dépassement de soi. On ne cesse jamais de s’améliorer. Réussir à répondre et comprendre la vision artistique, d’en sortir des idées, jusqu’à créer la finalité. Retranscrire une coiffure depuis la vision d’un styliste reste un très grand challenge et c’est ce qui m’anime le plus.
Vos sources d’inspiration ?
Les lieux, les peintres, dont Amanda Krantz, artiste australienne dont j’aime beaucoup l’histoire et les créations. La mode, et ses déclinaisons. Je met un très grand accent sur le spectacle également, domaine que j’aime particulièrement. La transformation, la magie dans les yeux du public. Et puis, faire vivre des créations, qu’elles soient l’œuvre du coiffeur, du maquilleur ou même du costumier, c’est une constante source d’inspiration.
S’il fallait changer quelque chose dans ce secteur ?
La coiffure studio est un métier avant tout masculin. Mais aujourd’hui, nous sommes de plus en plus de femmes sur le terrain. C’est un métier où on est amené à travailler de nuit, les week-end, en déplacement, y compris à l’étranger. Il ne faut pas aimer rester dans sa zone de confort.
Vos plus beaux projets ?
Dernièrement, j’ai eu la chance de travailler aux côtés de Charlie le Mindu pour le défilé de Vivienne Westwood et celui de Kanye West à la fashion week de Paris. Également auprès de Micki Chomicki sur le tournage d’une série pour Apple TV, qui devrait sortir prochainement. Je travaille également avec “RêvARTe”, une agence artistique parisienne, créatrice de spectacle sur mesure, que j’adore. Aujourd’hui, je suis toujours sur le terrain tout en me développant sur mon projet de formation. A la suite de ces expériences, j’ai été amenée à travailler dans une école de coiffure pour former des CAP. J’ai passée mon titre de formateur pour adultes pour acquérir les méthodes de transmission et la conception d’ingénierie pédagogique pour pouvoir créer mes propres formations à travers mon expérience de coiffeuse studio. Je continue l’intermittence du spectacle et j’ai même commencée à prendre des cours de théâtre et de comédie.