L’emploi et la compétitivités sont des enjeux importants pour le secteur de la coiffure. Bernard Stalter, président de l’UNEC, réaffirme la nécessité d’agir pour redynamiser le secteur.
La problématique du recrutement est une problématique épineuse pour tout le secteur. Car si la coiffure est aujourd’hui exercée en France par plus de 184 000 actifs, le secteur est face à des difficultés de recrutement de plus en plus accentuées depuis 2015. Une situation incohérente avec les quelque 2.5 millions de chômeurs comptabilisés actuellement dans l’hexagone.
Le secteur de la coiffure qui a perdu 4 900 actifs depuis 2009 cherche et peine à recruter. En témoigne l’enquête BMO 2018 de Pôle Emploi qui comptabilise 17 400 projets de recrutement coiffure/esthétique (+ 2 500 postes vs. 2017) dont 66.5% sont jugés difficiles. Que cela soit du fait d’un glissement d’une partie des salariés vers la micro-entreprise, d’une main d’oeuvre présente mais non-qualifiée ou encore du nombre d’apprentis qui se contracte, force est de constater que la profession doit agir pour redresser la barre !
Reformer la formation est désormais une priorité
Un vaste programme dans lequel s’inscrit bien entendu la réforme en cours de la formation professionnelle (loi Avenir Pro). Il s’agit là d’une réforme majeure pour l’ensemble des acteurs du secteur car la coiffure a perdu 28 % de ces effectifs en formation en 10 ans. Ce sont aujourd’hui 17 610 apprentis qui suivent ce cursus, un effectif qui tend néanmoins à se stabiliser depuis deux ans.
Compte tenu de la pénurie de main-d’oeuvre à laquelle le secteur est confronté, il est vital de développer l’apprentissage qui est par ailleurs plébiscité par les chefs d’entreprise qui y ont déjà eu recours. Si l’UNEC partage la même vision que le gouvernement sur la nécessité de promouvoir l’apprentissage comme voie royale vers la profession de coiffeur, elle reste néanmoins vigilante quant aux conditions de sa promotion et de son développement.
Au-delà de la problématique des flux entrants dans le secteur se pose également la question de la fidélisation des collaborateurs dans les salons. L’UNEC a fait de ce point l’une de ses priorités en lançant une vaste réflexion sur le niveau de rémunération et les conditions d’exercice du métier. Parmi ces dernières rentre en ligne de compte la formation comme outil de développement des compétences et de management des équipes. Dans ce cadre Bernard Stalter a récemment lancé un appel à la création d’un OPCA/OPCO dédié aux métiers de l’artisanat.
Les artisans tous métiers confondus rencontrent les mêmes difficultés de développement, d’attractivité, de gestion des compétences et de l’innovation quelles que soient leur spécialité. Avec cet OPCA/OPCO, l’objectif est de pouvoir se doter demain d’un opérateur spécialisé capable de permettre aux professions artisanales de relever les défis d’aujourd’hui et d’anticiper ceux à venir, d’être plus forts et de peser dans la négociation paritaire. L’artisanat ne se limitant pas aux très petites structures et l’objectif étant de regrouper l’ensemble des entreprises, y compris celles de taille intermédiaire, il est envisageable, dans le cadre de la loi PACTE, d’ouvrir l’artisanat à des entreprises qui en sont actuellement exclues.
Ainsi le futur OPCA/OPCO de l’artisanat regrouperait en son sein l’ensemble des entreprises quelle que soit leur taille. Pour Bernard Stalter, président de l’UNEC et de l’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat. (APCMA) : « La structuration actuelle de l’artisanat est un frein face aux défis qu’il doit relever. Il faut rationaliser, fédérer les énergies et les compétences dans une logique interprofessionnelle pour donner un nouveau souffle à l’artisanat, gagner en cohérence, en efficacité et en lisibilité. Du fait de son importance dans l’artisanat la coiffure est l’incontournable partenaire de ce projet. Il est pertinent et efficace pour la branche coiffure de s’inscrire dans un OPCA/OPCO de l’artisanat et des entreprises de proximité, plutôt que dans un OPCA/OPCO interprofessionnel beaucoup plus large où notre branche serait noyée parmi d’autres métiers aux réalités totalement différentes, et sans garantie de peser sur la gouvernance paritaire des structures exécutives ».