Dans un contexte où les barbiers doivent fréquemment assurer eux-mêmes leur apprentissage en raison du manque de formation initiale, des marques jouent un rôle clé dans la professionnalisation du métier. C’est le cas de Wahl, pionnier du barbering, qui multiplie campagnes digitales et initiatives de terrain pour valoriser les parcours inspirants et soutenir la formation continue.
À l’occasion du Mondial Coiffure Beauté, nous avons rencontré Brian Wahl, CEO de la marque familiale et américaine Wahl Clipper Corporation. Fondée en 1919, celle-ci a marqué l’histoire avec l’invention de la première tondeuse électrique. Plus d’un siècle plus tard, son objectif reste le même : faire progresser et structurer la profession.
La campagne Make it with Wahl illustre cet engagement. « Elle reflète vraiment l’esprit de notre entreprise, explique Brian Wahl. Conçue pour célébrer le rôle centenaire de la marque, elle met en lumière les personnes « derrière le fauteuil », ces coiffeurs et barbiers qui, grâce aux outils Wahl, transforment leur vie et bâtissent parfois des marques à portée mondiale.
Pour Brian Wahl, si le grooming masculin résiste bien aux crises économiques, c’est parce qu’il a profondément changé de statut. « Les hommes ne veulent plus seulement se couper les cheveux, ils veulent se sentir bien, soignés et confiants. La coiffure masculine n’est plus une simple routine, c’est devenu une expérience complète, enrichie par des services comme la taille de barbe, les soins ou la convivialité autour du salon. »
Cet esprit d’accompagnement se traduit aussi par une forte présence dans la formation. En France, Wahl s’appuie sur une équipe de six formateurs qui réalisent près de trente sessions par an, aussi bien dans les écoles que chez les grossistes. L’entreprise propose également un programme d’éducation en ligne On Demand Barber Education, également disponible sur l’app store, dont la majorité des contenus est gratuite. « Notre philosophie est claire : collaborer avec les établissements, former les enseignants, soutenir les étudiants dès leurs débuts », résume-t-il.
Côté production, la marque conserve ses racines aux États-Unis avec son usine historique de Sterling, dans l’Illinois, tout en disposant de sites en Allemagne, au Brésil et au Vietnam. Une organisation mondiale pensée pour plus de flexibilité face aux contraintes commerciales.
En termes de tendances, Brian Wahl souligne la forte demande pour les dégradés très courts (skin fade), qui exigent technicité et outils de précision. D’où le développement de lames ajustables et de formations pas à pas. Les artistes Future Makers, présents aux quatre coins du globe, jouent ici un rôle central en suivant et influençant les tendances internationales.
Les réseaux sociaux contribuent eux aussi à cette dynamique. Après les pionniers comme David Beckham, qui ont popularisé le soin masculin, TikTok et Instagram amplifient aujourd’hui la diffusion des nouveaux looks. « Cela incite les clients à tester, à s’approprier les tendances et à renforcer la dimension culturelle du grooming », observe-t-il.
Et demain ? « Le barbershop restera avant tout un lieu de communauté et de lien social, mais s’ouvrira à davantage de collaborations avec d’autres univers (cafés, tatouages, mode). La technologie, quant à elle, simplifiera l’expérience client, notamment via la prise de rendez-vous et le suivi personnalisé. Mais le lien humain restera au cœur de tout », conclut Brian Wahl.